Comment manger des bananes et déstabiliser d’un pays !
Le coup d’État au Guatemala en 1954 est le résultat d’une série d’opérations de déstabilisation organisées par la CIA en lien avec la United Fruit Company, société américaine productrice de banane. Cet événement est déclenché en réaction aux réformes agraires du gouvernement Arbenz qui affectent directement les intérêts de la multinationale américaine. En mars 1951, Jacobo Arbenz Guzmán est devenu président de la République à la suite de la première élection au suffrage universel qu’ait connu le pays, marquant la première transition pacifique du pouvoir politique dans l’histoire du Guatemala.
En 1954, il avait effectivement voulu donner aux plus pauvres du pays 90 000 hectares de parcelles de terre non cultivée, rachetées à la United Fruit Company au prix de 3 $. Dans les négociations avec le gouvernement d’Arbenz, la compagnie affirme que les terres valent 75 $. Le président reste ferme. Il encadre sa demande de mesures douanières visant les produits américains pour protéger les producteurs locaux. C’est sans compter avec les appuis de la multinationale dont le plus connu n’est autre qu’Allen Dulles, le directeur de la CIA de 1953 à 1961, qui en est actionnaire. D’autre part, dans le contexte d’un maccarthysme virulent, l’administration Eisenhower craint l’instauration d’une tête de pont soviétique dans sa zone d’influence sud-américaine et trouve tous les prétextes, voir en invente pour intervenir.
L’opération PBSUCCESS de la CIA débute en 1953 et prend fin en 1954. Elle a pour objectif d’armer et former une « Liberation Army » de circonstance d’environ 400 combattants, sous les commandes d’un officier de l’armée guatémaltèque exilé de l’époque, le colonel Carlos Castillo Armas. Le « soulèvement » est loin d’être un succès populaire ou militaire, mais devant les risques de guerre civile, voir d’invasion par les USA, le gouvernement démissionne. Sitôt au pouvoir, le processus démocratique est stoppé : le pays sera désormais gouverné par une junte militaire et devient une république dite bananière.
Pour en lire plus sur la CIA …
Histoire de la CIA – Les fantômes de Langley
