Cette nouvelle engendre une alerte internationale concernant la sauvegarde de ce site archéologique.
Palmyre ou Tadmor est une ville antique de Syrie, située à proximité d’une oasis du désert de Syrie, à 210 km au nord-est de Damas et dont les ruines sont adjacentes à la ville moderne de Tadmor.
Le site est classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980. Il a été classé en péril pendant la guerre civile syrienne.
D’abord ville gréco-romaine, la ville devient un carrefour du trafic caravanier. Palmyre est du Ier siècle au IIIe siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient. Elle prend le relais de Pétra, la cité caravanière des Nabatéens. Palmyre exploite une route caravanière qui, passant par des caravansérails dans la steppe, gagnait les bords de l’Euphrate et les longe jusqu’à la région de Babylone. De là, ces caravanes gagnent l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate. Des navires partent de là pour gagner l’Inde ou d’autres ports de l’Océan Indien.
Les caravanes de Palmyre sont des entreprises saisonnières et annuelles. Les différents marchands s’associent pour grouper leurs expéditions, sous la responsabilité d’un « synodiarque » ou « chef de caravane », puissant commerçant qui prend en charge une partie des frais. Si des caravansérails ont été identifiés par les archéologues aux sorties de la ville, c’est au cœur du quartier monumental que se trouve le centre commercial, une place entourée de boutiques et nommée « agora » de Palmyre.
Ce trafic caravanier se poursuit jusqu’aux années 260, y compris quand la Mésène et la Mésopotamie sont sous la domination des Perses Sassanides. Beaucoup plus tard au VIe siècle, c’est la ville de la Mecque dans le Hedjaz qui prend la succession de Palmyre comme plaque tournante du commerce caravanier.
Au XIXe siècle, les Ottomans y installent une petite garnison, tandis que les archéologues venus d’Europe et des États-Unis commencent l’étude systématique des ruines et des inscriptions.
Après la Première Guerre mondiale, la Syrie est occupée par les Français dans le cadre d’un mandat de la Société des Nations. L’armée française implante à Palmyre une unité de méharistes et construit un terrain d’aviation pour le contrôle aérien de la steppe. Les fouilles archéologiques sont organisées sur une grande échelle : le village qui occupe le sanctuaire de Bel est détruit et la population relogée dans une ville moderne construite au nord du site archéologique, tandis que le temple antique est restauré. Le nom de Robert du Mesnil du Buisson, directeur de plusieurs missions archéologiques en Syrie et en Égypte entre 1919 et 1939, reste d’ailleurs attaché à une importante mission archéologique française à Palmyre dont il eut la charge. Lors de la Seconde Guerre mondiale, Palmyre est prise par les Britanniques le 3 juillet 1941, après une bataille de treize jours contre les troupes françaises du régime de Vichy.
Depuis l’indépendance de la Syrie en 1946, la ville moderne de Tadmor s’est considérablement développée. Le terrain d’aviation est devenu une base militaire, mais le projet d’en faire un aéroport civil pour développer le tourisme n’a jamais été mené à bien. Sa prison, utilisée par le régime jusqu’en 2015 pour y enfermer des opposants nationaux et étrangers, est réputée comme l’une des plus inhumaines au monde, en raison des conditions de détention, des actes de torture ou des exécutions sommaires de prisonniers.
En mai 2015, Palmyre est le théâtre d’une bataille entre le régime syrien et les djihadistes de l’État islamique. Des combats ont lieu à seulement un kilomètre des ruines, avant que l’armée n’évacue la ville. La progression de l’État islamique, qui a déjà produit des destructions volontaires de ruines en Irak, notamment à Nimroud et Hatra fait alors craindre le pire pour le site de Palmyre. Au 21 mai 2015, l’État islamique contrôle la totalité de la cité antique de Palmyre.
Irina Bokova, directrice-générale de l’UNESCO, appelle les parties en présence en Syrie à protéger Palmyre et à tout mettre en œuvre pour empêcher sa destruction. Finalement, l’État islamique opte pour un autre registre dans la provocation vis-à-vis de l’Occident puisque le théâtre antique de la ville sert dans la mise en scène de l’exécution de vingt « prisonniers ». Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, au moins 280 personnes sont exécutées à Palmyre en dix mois. Le 29 mai 2015, Abou Leith al-Saoudi, chef des forces de l’État islamique à Palmyre déclare sur une radio syrienne que les statues seront détruites par les djihadistes, mais que la ville antique sera préservée.
Le 10 juin 2015, les hommes de l’État islamique détruisent plusieurs tombes d’habitants de la ville de Tadmor. Dix jours plus tard, deux mausolées sont détruits par les djihadistes ; celui de Mohammad Ben Ali, à quatre kilomètres au nord de Palmyre, et un mausolée de Chkaf, celui de Nizar Abou Bahaeddine, vieux de 500 ans et situé dans une oasis, près du site antique. Le 21 juin 2015, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) annonce que les djihadistes de l’État Islamique ont miné le site. Fin juin 2015, les djihadistes détruisent la statue du Lion d’Athéna, pièce unique de trois mètres de haut qui avait été découverte en 1977 par une mission archéologique polonaise. Le 18 août 2015, l’ancien directeur des Antiquités de Palmyre, Khaled al-Asaad, expert de renommée mondiale du monde antique, est décapité par les hommes de Daech. La destruction de vestiges imposants démarre fin aout 2015 avec le temple de Baalshamin, celui de Bêl, puis sept tours funéraires, dont trois qui étaient particulièrement bien conservées. L’Arc triomphal et un certain nombre de colonnes, vestiges pourtant non reliés au culte, sont détruits en octobre 2015.
Le château Qalat ibn Maan est également endommagé entre le 21 et le 24 septembre 2015 par des bombardements du régime syrien.
Le déminage du site, à partir de 2017, a été mené à bien avec le concours de l’armée russe et du Centre international de déminage humanitaire.
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