Ce jour, les Soviétiques cèdent face à la détermination des Occidentaux. Ils lèvent le blocus de Berlin. Ce blocus de la capitale du IIIe Reich vaincu est l’un des épisodes majeurs de la guerre froide en Europe.
Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre puissances occupantes de l’Allemagne menée par les Américains et l’Angleterre, l’Union soviétique bloque toutes les voies routières et navigables en direction de Berlin. Les zones d’occupation américaine, britannique et française se retrouvent isolées. Le blocus dure jusqu’à ce que les Soviétiques le lèvent sans contrepartie le 12 mai 1949, prenant acte ainsi de leur échec à mettre la main sur Berlin. En représailles, les Soviétiques accélèrent la partition de l’Allemagne et créent la République Démocratique Allemande (RDA), le 7 octobre 1949 de manière à consolider un glacis militaire à l’Ouest.
L’objectif des Occidentaux, la reconstruction de l’Allemagne en vue de sa réintégration dans le processus démocratique et commercial (Plan Marshall) heurte de plein fouet la volonté des Communistes à faire payer leur ex-ennemi pour les destructions immenses subies pendant la « Grande Guerre patriotique ». Ils reprennent ainsi l’attitude des Français après la Première Guerre mondiale vis-à-vis de l’Allemagne (cf traité de Versailles). Les Français sont néanmoins un peu dans ce même état d’esprit, mais ne sont plus une puissance dominante en Europe.
En 1948, la solution pacifique a prévalu car aucun des camps n’a les moyens de mener une guerre totale en Europe : l’URSS est exsangue, L’Angleterre est endettée et se reconstruit, la France se bat en Indochine et se reconstruit, et les USA démobilisent leurs troupes en misant tout sur le nucléaire. La confrontation militaire est impossible.
D’autant plus que Berlin est indéfendable militairement car situé en plein cœur de la zone d’occupation soviétique. Le succès du Pont aérien est historique, car pour la première fois l’aviation a été en mesure d’approvisionner seule les habitants d’une ville de la taille de Berlin (soit 2 millions de personnes). Malgré quelques gestes d’intimidation, les Soviétiques n’essayeront à aucun moment d’interrompre le flot d’avions cargo.
De ce succès logistique, découle la reconnaissance des Allemands envers leurs anciens vainqueurs et ancre la future République Fédérale d’Allemagne (RFA) dans la zone d’influence atlantique.
Le blocus de Berlin est l’une des toutes premières crises de la guerre froide. Elle en est aussi la plus grave, jusqu’à ce qu’une seconde crise à Berlin (1958-1961) — conclue par la construction du mur —, puis la crise des missiles de Cuba (1962) plongent à nouveau le monde dans la crainte de la guerre et de l’holocauste nucléaire.
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