L’Irak envahit l’Iran. Cette attaque a de nombreux objectifs aussi bien en interne qu’en externe : la mobilisation du peuple irakien morcelé ethniquement et religieusement pour un motif nationaliste, le maintien de la position du parti Baas, la sécurisation d’un accès à la mer en contrôlant le Chatt-el-Arab et permettre l’exportation de son pétrole, la déstabilisation de la révolution islamique et de la puissance de l’Iran.
Les puissances occidentales, inquiètes de l’apparition de la République islamique iranienne, voient en l’Irak un allié de circonstance. Elles ne s’opposent pas dans un premier temps à la guerre Iran-Irak, espérant une victoire rapide, allant jusqu’à la soutenir ensuite en lui fournissant son arsenal militaire. C’est en particulier le cas de l’URSS, de la France et des États-Unis. En France, nombre de programmes militaires sont financés par l’Irak (avions, missiles, radars, etc…).
Elles acceptent aussi une envolée des cours du pétrole qui pénalise leurs économies.
Cependant, en dépit de la puissance militaire de l’Irak, le conflit s’enlise rapidement. Début 1981, les Iraniens contre-attaquent et parviennent à libérer l’essentiel du territoire iranien début 1982. En juin de cette même année, l’Irak décrète un cessez-le-feu, mais voit son territoire envahi le mois suivant.
La guerre change de visage. L’Iran se radicalise : il s’agit désormais de réduire la puissance de l’Irak, de destituer Saddam Hussein et de le remplacer par un régime islamique chiite.
Avant la guerre, l’Iran et l’Irak comptent sur leurs revenus pétroliers pour subvenir à leurs besoins militaires : 3,5 millions de barils par jour exportés pour l’Irak et 1,6 million pour l’Iran. Au début de 1980, les deux pays n’exportent plus que 600 000 barils. En raison de cette diminution considérable, l’Irak contracte une énorme dette vis-à-vis de ses voisins arabes, notamment l’Arabie saoudite sunnite et le Koweït.
Les Iraniens qui font face à un embargo de la part des Etats-Unis diversifient leurs sources d’approvisionnement militaire. Ils se rapprochent ainsi de la Corée du Nord et de la Chine. Pour contourner l’absence des pièces détachées d’origine US nécessaires au fonctionnement de leur arsenal hérité du Shah, ils développent leur propre industrie de défense et multiplient le recourt aux marchés parallèles. Ainsi, de nombreux fabricants d’arme fournissent sciemment les deux belligérants.
L’Iran utilise son poids démographique dans la bataille. Beaucoup plus peuplé que son ennemi, ces dirigeants mobilisent et endoctrinent la jeunesse. Les gardiens de la Révolution lancent ainsi à plusieurs occasions des vagues humaines pour briser les assauts irakiens.
En 1984 commencent les attaques systématiques d’installations pétrolières et de pétroliers par les deux camps.
En janvier 1987, l’Iran lance deux grandes offensives : Kerbala 5, à l’est de Bassorah, où Téhéran souhaite établir un gouvernement provisoire de la République islamique irakienne, constitué des chefs des opposants chiites irakiens réfugiés en Iran ; Kerbala 6, à 150 kilomètres au nord de Bagdad en direction des grands barrages de l’Euphrate. Les pertes sont énormes de part et d’autre mais les forces iraniennes sont finalement bloquées.
En juillet 1987, l’Iran entreprend de contrôler la navigation maritime dans le golfe.
La ligne de front se stabilise à la frontière commune, et malgré de nombreuses offensives de part et d’autre, il n’y a pas de percée majeure. Finalement, en 1988, les belligérants sont exsangues. L’Iran accepte finalement de respecter le cessez-le-feu exigé par la résolution 598 du conseil de sécurité de l’ONU (20 juillet 1987).
Cette guerre a de nombreuses conséquences dont le monde paye encore le prix aujourd’hui : Profitant du soutien des occidentaux, les Irakiens utilisent des armes chimiques contre les populations civiles kurdes et contre les iraniens. En n’intervenant pas les occidentaux ouvrent une boîte de Pandore. De l’autre côté, devant l’hostilité affichée des Etats-Unis et des Occidentaux, l’Iran transforme son programme civil nucléaire en un programme militaire. … Une deuxième boîte de Pandore est ouverte ! L’invasion du Koweït en 1980 et la déstabilisation de l’Irak viendront ensuite…
De plus, avec le recul, on ne peut que prendre conscience de la partialité de la couverture médiatique de ce conflit, où en Occident, l’Iran a été systématiquement accusé de tous les maux et l’Irak… excusé de ses exactions !
L’Iran et ses rivaux – Entre nation et révolution
Mais aussi celui-ci sur l’Iran millénaire …
Iran – Une histoire de 4000 ans
Bonne lecture à toutes et à tous.