Résumé
Dans la Divine comédie de Dante, un seul philosophe se trouve au sixième cercle de l’Enfer, au milieu des hérétiques : Epicure. Comment un penseur ayant vécu au ive siècle av. J. -C. peut-il être jugé ainsi ? En proposant une archéologie des représentations de l’épicurien dans les trois grandes religions monothéistes, Aurélien Robert retrace la longue élaboration des associations entre épicurisme et hédonisme, athéisme et hérésie, et leur transformation au Moyen Age.
Mais cette histoire en cache une autre, restée dans l’ombre d’une imposante littérature religieuse. Dès le XIIe siècle apparurent des tentatives de réhabilitation du philosophe grec, près de trois siècles avant la redécouverte de Lucrèce par Poggio Bracciolini. Ces témoignages de théologiens, de médecins, de philosophes présentent Epicure comme un grand sage, voire un modèle pour les chrétiens. Dans le même temps, sa pensée du plaisir retrouvait progressivement son prestige.
Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas le Moyen Age qui inventa la caricature de l’épicurien. Plus encore, c’est à cette époque que l’on tenta de sauver Epicure et sa philosophie des enfers.
Directeur de recherche au CNRS, ancien membre de l’Ecole française de Rome, Aurélien Robert est spécialiste d’histoire de la philosophie du Moyen Age et de la Renaissance. En 2019, il a reçu la médaille de bronze du CNRS pour l’ensemble de ses travaux.
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