Résumé
Un essai passionnant sur la » désextinction » des espèces, un sujet qui suscite le débat dans le milieu scientifique et dont les médias grand public se sont emparé ces dernières années. Qui n’a jamais imaginé, avec bonheur ou effroi, tomber sur un tyrannosaure rugissant au détour d’un chemin ? Cette idée nous semble crédible depuis la sortie de Jurassic Park. On nous annonce souvent, d’ailleurs, une nouvelle prouesse d’ingénierie génétique qui nous promet l’amélioration d’une espèce, dont la nôtre, ou la renaissance prochaine d’un mammouth.
Depuis des millénaires l’homme bricole les gènes des plantes et des animaux qui l’entourent grâce à la sélection artificielle. Cette méthode a permis aux humains de domestiquer de nombreuses espèces et même, plus récemment, de fabriquer la copie d’un aurochs, une espèce éteinte il y a près de cinq cents ans. Des méthodes plus high-techs cherchent à créer des espèces disparues en réveillant des gènes endormis d’animaux actuels, tel le Chickenosaurus, un » poulet-dinosaure » qui est pourtant encore loin de ressembler à son ancêtre.
La méthode la plus révolutionnaire consiste à prélever de l’ADN d’animaux disparus qu’on intègre dans un embryon implanté dans une espèce vivante proche. On expérimente déjà cette méthode pour des espèces récemment disparues comme le mammouth ou le dodo. Mais cette technique sera à jamais inapplicable à un dinosaure car, même si l’ADN est une molécule relativement stable, elle ne résiste pas au temps, au-delà d’un million d’années.
Toutefois ces prouesses techniques nous placent devant une évidence : les espèces s’éteignent. Pourquoi ? Une première explication est qu’elles se transforment en évoluant. Ensuite, elles disparaissent progressivement lorsqu’elles deviennent inadaptées à des conditions changeantes de leur environnement. La crise de la biodiversité que nous traversons actuellement ressemble plutôt à une extinction de masse.
Mais aujourd’hui, aucune météorite et aucun volcan n’est incriminé : pour la première fois, c’est une espèce unique portée par la Terre qui est responsable, la nôtre ! La résurrection des espèces serait-elle la solution pour contrer l’érosion de la biodiversité ? Faut-il investir de l’énergie et des fonds dans la renaissance d’espèces éteintes ou vaut-il mieux concentrer les efforts dans la conservation des espèces menacées ? La renaissance d’un mammouth n’est pas qu’une question de génie génétique, c’est aussi un thème philosophique qui interroge notre relation avec le monde passé, présent et futur.
Nadir Alvarez est biologiste de l’évolution et généticien. Sensible depuis son plus jeune âge aux questions environnementales, il s’intéresse à des domaines aussi variés que les interactions entre plantes et insectes, la génomique ou la biologie de la conservation. Il est depuis 2017 conservateur en chef au Muséum d’histoire naturelle de Genève, et depuis 2020 professeur titulaire à l’Université de Genève.
Lionel Cavin est paléoichtyologue. Après être passé par le Musée des dinosaures d’Espéraza en France et le Natural History Museum de Londres, il est nommé conservateur au Muséum d’histoire naturelle de Genève en 2006. Il y effectue, entre autres, des recherches sur l’histoire évolutive des poissons fossiles du Mésozoïque, et s’intéresse à l’évolution de certains poissons qualifiés de » fossiles vivants » comme les coelacanthes et les dipneustes.
Détails produit : broché, grand format.