Résumé
Contre une vulgate tenace qui continue de célébrer en Jules Verne le thuriféraire aveugle du progrès, cet essai s’attache à remettre sous tension l’idée d’un Verne champion irréfléchi de l’entreprise humaine. Buissonnant dans le touffu massif vernier, il y puise de quoi déconstruire une image qui doit beaucoup à la politique éditoriale d’Hetzel, désireux d’arrimer les Voyages extraordinaires aux valeurs rationalistes, positivistes et expansionnistes qui dominent, tant sous le Second Empire que sous la Troisième République, une France lancée dans l’aventure industrielle et coloniale.
Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, Professeur de Littérature française, Laure Lévêque travaille sur l’écriture de l’histoire dans le long XIXe siècle. Elle s’intéresse notamment à la part des élaborations imaginaires et idéologiques dans la transmission et la construction des référents culturels. Spécialiste des rapports entre littérature et histoire comme entre littérature et politique, elle s’intéresse à l’écriture des conflits, aux rapports de domination et à la négociation d’une vulgate entre culture dominante et culture dominée.