Résumé
Par quels processus de nombreux fonctionnaires allemands, en dépit d’un passé professionnel dans le régime nazi et parfois de compromissions dans ses crimes, ont-ils été d’abord sanctionnés dans le cadre des politiques de dénazification imposées par les Alliés après 1945, puis réintégrés précocement dans la démocratie ouest-allemande où ils construisent une « seconde carrière » ? Tel est l’objet de cette enquête, qui étudie avec brio ce double processus d’épuration et de désépuration.
En mai 1949, l’article 131 de la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne accorde aux « fonctionnaires professionnels » qui étaient en poste au 8 mai 1945 la garantie de leurs droits acquis et prévoit qu’une loi fédérale réglera leur statut. Cette loi est promulguée le 11 mai 1951. Elle n’est que le premier jalon d’une législation généreuse consacrée aux « 131 », allant des lois d’amnistie et de clôture de la dénazification jusqu’à la fin du gouvernement de Willy Brandt en 1974.
Comment définir ce groupe ? Quelles sont les représentations associées à ces « 131 » ? Ce livre analyse, à l’échelle des individus, les conséquences professionnelles, financières et sociales de ces lois. Si les dispositifs de clémence apparaissent de plus en plus scandaleux à l’opinion, tous les « anciens » n’ont cependant pu y prétendre. Une épuration professionnelle a bien eu lieu et a contribué à ce que la RFA parvienne, principalement à partir des années 1960, à affronter son passé.
Marie-Bénédicte Vincent est professeure d’histoire contemporaine à l’université de Franche-Comté. Elle a notamment dirigé La dénazification (Perrin, 2008) et est l’auteure du premier volume de l’Histoire de la société allemande au XXe siècle, 1900-1949 (La Découverte, 2011) et d’Une nouvelle histoire de l’Allemagne, XIXe-XXIe siècle (Perrin, 2020).
Détails produit : broché, grand format.