Résumé
Pourquoi l’OTAN continue-t-elle à exister alors que l’ennemi qui a justifié sa création, l’Union soviétique, a disparu ? Ce livre répond de manière novatrice à cette question fort débattue, en traitant du développement du contre-terrorisme à l’OTAN dans les années 2000-2010.
L’ouvrage prend le contre-pied des approches rationalistes et dominantes qui soumettent l’évolution de l’OTAN à une adaptation mécanique à un nouvel environnement international davantage instable. Ce livre propose une immersion sociologique dans le monde des pratiques professionnelles dites « contre-terroristes », qui sont à la source des mutations de l’Alliance euro-atlantique.
À partir d’une enquête de terrain approfondie, combinant une centaine d’entretiens et des observations ethnographiques, l’auteur explique que la continuité post-Guerre froide de l’OTAN procède de l’institutionnalisation transnationale d’une logique de traitement préemptive de risques multiformes. La démonstration explore deux changements indissociables. Le premier réfère à la structure sociale portant la production du pouvoir au sein de l’OTAN, qui disperse la logique d’action multilatérale le long de possibilités sécuritaires très différentes (guerre en Afghanistan, surveillance en Méditerranée, développement d’armements). Le deuxième a trait au politique, à savoir l’exercice de la violence et la fabrication des figures de l’ennemi qui prolifèrent, s’imaginent et se banalisent à mesure que les initiatives de sécurité se multiplient. En proposant de renouveler les termes du débat sur les raisons de l’existence contemporaine de l’OTAN, l’ouvrage apporte aussi un éclairage original sur le travail quotidien des organisations internationales et les transformations en cours dans les politiques de sécurité contemporaines.
Détails produit : livre broché.
Sommaire
Remerciements
Liste des sigles et abréviations
Introduction
Chapitre I. – La gestion de risques par les pratiques : hétéronomie et matrice de guerre à l’OTAN
Repenser l’OTAN par la perspective transnationale
Les configurations faibles de la gestion de risques à l’OTAN
Guerre et sécurité : les (re)qualifications de la violence organisée à l’OTAN
Première partie : Surveiller
Chapitre II. – Militariser la Méditerranée
L’activation « aux forceps » de l’article 5 du Traité de Washington
Suspecter, traquer, contrôler : vers un appareillage de surveillance tous
azimuts en Méditerranée
« L’oeil de Dieu » : normalisation militaire d’une action en article
et externalisation des ressources institutionnelles
Chapitre III. – L’improbable sécuritaire et son champ des possibles
Contre-terrorisme officiel, contrôle migratoire officieux : la diplomatie
face à ses contradictions
Collusions des luttes de positionnements militaires
Vers la surveillance permanente
Sécurité imaginée et violence silencieuse
Deuxième partie : Armer
Chapitre IV. – Fonctionnariat et diplomatie des armes
Conquête du Secrétariat international et séduction diplomatique
Crises de légitimité et restructuration des compromis entre diplomates
et fonctionnaires
Chapitre V. – Expertiser et vendre la guerre
Émergence et stabilisation d’une ingénierie militaire
D’ingénieurs et de psychologues : changements des règles
de production des savoirs experts
L’OTAN, le risque et son industrie
Autosuffisance technostratégique et mascarade mortuaire
Troisième partie: Conduire la guerre
Chapitre VI. – L’invention d’une stratégie alliée en Afghanistan
Les tribulations diplomatiques de l’approche globale
« Nettoyer » : l’articulation militaire des consignes diplomatiques
Chapitre VII. – Les horizons d’impatience de la violence préemptive
L’adoption de la contre-insurrection : libérer la violence de guerre
Professionnalisme radical et augmentation de la violence militaire
Conclusions générales
Bibliographie
Annexe – Note sur la composition institutionnelle de l’OTAN