Résumé
La forme du sommeil qui prévaut dans les sociétés occidentales n’est en rien « naturelle » : elle ne s’est imposée qu’à partir du XIXe siècle. Jusqu’alors, le sommeil y était généralement scindé en deux blocs de durée égale, séparés par une période de veille d’une heure environ que pouvaient occuper diverses activités : méditation silencieuse, réflexion sur le sens des rêves, prière, rapports intimes, consommation de tabac, tâches ménagères, soin des bestiaux…
Mais avec la révolution industrielle et son cortège de bouleversements, en particulier la large diffusion de nouvelles technologies d’éclairage artificiel, un processus de consolidation du sommeil est intervenu qui a abouti à l’imposition de la norme du sommeil d’un bloc de huit heures ininterrompues. Ce processus s’est accompagné d’une dévalorisation du sommeil, lequel n’est plus considéré comme un impératif biologique, mais comme un temps mort qui ne peut faire l’objet d’une valorisation économique.
Une pression culturelle forte se développe dès lors en faveur d’un temps de sommeil réduit. Parallèlement, le fait de se réveiller au milieu de la nuit se trouve assimilé au plus célèbre des troubles du sommeil : l’insomnie. A l’heure où la conscience de cette plasticité du sommeil conduit à son exploitation active, Roger Ekirch propose une mise en perspective novatrice et ambitieuse de notre rapport à cette dimension trop souvent mésestimée de notre expérience quotidienne.
Roger Ekirch est professeur à l’Institut polytechnique de Virginie. Spécialiste de l’histoire transatlantique et de l’histoire coloniale de l’Amérique du Nord, il est lauréat de la bourse Guggenheim. Ses travaux pionniers sur le sommeil ont stimulé de manière décisive les recherches menées ce sujet tant en histoire qu’en sociologie et en anthropologie.
Traduction de Jérôme Vidal – Postface de Matthew Wolf-Meyer.
Détails produit : livre broché.