Résumé
L’économie politique, comme science de la société, ne pourrait exister sans le recours à différentes fictions : tel est le constat qui guide la relecture de l’oeuvre d’Adam Smith par les auteurs. Ils cherchent ainsi à repérer la façon dont l’économiste non seulement invente une nouvelle discipline, l’économie, mais surtout traite du monde de son temps. Par son rapport complexe au champ imaginaire, Smith donne corps aux espoirs d’émancipation des Lumières.
Il souligne les impasses historiques du Vieux Continent, abîmé par les abus de pouvoir des Etats et la jalousie de marchands, et rêve d’une renaissance de la modernité européenne dans les colonies de la jeune Amérique. Les auteurs étudient ce champ imaginaire, structuré par quatre régimes de fiction : l’illusion de la richesse, la désymbolisation du monde productif, la projection d’un renouveau de modernité européenne dans le monde colonial, l’utopie du commerce mondial.
En espérant que les lecteurs prolongeront ensuite le geste de Smith aujourd’hui, en inventant, non pas d’autres imaginaires que l’économie, mais d’autres imaginaires en économie.
Anders FJELD est philosophe et enseignant-chercheur à la Kulturakademiet (Oslo International School of Philosophy). Il est l’auteur de Jacques Rancière, pratiquer l’égalité (Michalon, 2018). Matthieu DE NANTEUIL est professeur de sociologie à l’Université catholique de Louvain. Ses recherches portent sur les conditions d’une anthropologie critique du libéralisme. Il est l’auteur aux Puf de l’essai remarqué Rendre justice au travail (Puf, série » Débats « , 2016).
Détails produit : broché, grand format.