Résumé
Un dialogue des savoirs : telle est l’ambition de cet ouvrage qui vise à faire échanger histoire des sciences et histoire des techniques. Deux historiographies qui, pour être complémentaires, n’ont pas pour autant toujours été associées. Les techniques ont été, en effet, longtemps perçues comme des « sciences appliquées ». Or il s’agit plutôt de décrypter comment, à quels moments, dans quels contextes sociaux, elles ont pu être envisagées comme subordonnées aux sciences.
Pour quelles raisons, par exemple, les techniciens sont-ils « invisibles » aux yeux des savants dans l’Angleterre du XVIIe siècle ? Ce dialogue mérite d’être étudié depuis les contextes européens, du XVe au XVIIIe siècle, quand les sciences « modernes », en particulier « expérimentales », s’affirment dans une interaction constante avec les techniques. Des lieux de savoir hybrides, intermédiaires, des « trading zones », permettent ce contact fructueux entre savants et praticiens, depuis les laboratoires et les collections jusqu’aux ateliers, aux mines, aux arsenaux ou aux navires mêmes.
Dans ces lieux, la dichotomie entre technique et science, pratique et théorie, s’efface, invitant à considérer, dans un mouvement conjoint, la science comme produit de la matérialité et les techniques comme relevant de l’intellection. L’approche des savoirs scientifiques et techniques privilégiée ici est sociale, culturelle et politique. Les auteurs insistent sur l’insertion des savoirs dans les sociétés et les interactions entre savoirs et pouvoirs.
Comment la construction et la diffusion des savoirs ont transformé l’approche du monde et de la nature, la conception même du temps et de l’espace, dans l’Europe moderne ? Des villes de la péninsule italienne à la Renaissance aux expéditions scientifiques menées par l’Académie royale des sciences ou la Royal Society durant les Lumières, la transformation territoriale, politique et sociale de l’Europe s’est effectuée autant par la maîtrise de savoir-faire techniques que par le biais d’investigations savantes qui ont façonné les contours de la dite « modernité » européenne.
Liliane Hilaire-Pérez, Fabien Simon et Marie Tbébaud-Sorger qui ont dirigé cet ouvrage sont respectivement professeur d’histoire moderne à l’université Paris Diderot et directrice d’études à l’EHESS, maître de conférences en histoire moderne à l’université Paris Diderot et chargée de recherches au CNRS (Centre Alexandre Koyré).
Collection Histoire.
Détails produit : broché.