Résumé
Contrairement à une idée persistante, la « famille moderne » n’apparaît pas au XVIIIe siècle : elle prend naissance au début de l’époque moderne, avec l’instauration du mariage tel qu’il a été défini par les réformes religieuses du XVIe siècle. Avec l’émergence de l’Etat et de son puissant moteur, la fiscalité, le pouvoir commence à s’intéresser à la vie intime de ses sujets et à légiférer sur le sexe.
Sous l’influence de transformations économiques, de la proto-industrialisation à la diffusion du travail salarié, de nouveaux modèles d’organisation de la parenté et des rapports de genre s’affirment. S’éloignant d’une approche culturelle, dominante ces dernières décennies, l’auteur s’appuie sur des études de cas, menées notamment en Suisse, et les confronte aux grandes évolutions perceptibles à l’échelle européenne.
Il porte son attention sur la diversité des expériences, se penche sur les réalités parfois contradictoires des couches paysannes comme des classes populaires ou des élites. Des pratiques diverses selon les contextes, les milieux ou les allégeances politiques et religieuses peuvent ainsi être présentées. Dans cette perspective, l’idéal romantique de l’amour-passion et de l’intimité, qui a longtemps dominé les représentations de la vie conjugale, apparaît surtout comme un puissant instrument de distinction sociale et culturelle.
Une synthèse pour mieux comprendre les héritages qui pèsent encore largement sur nos conceptions de la sexualité, de la famille et des relations conjugales.
Sandro Guzzi-Heeb est professeur d’histoire moderne à l’université de Lausanne. Il est notamment l’auteur de Passions alpines. Sexualité et pouvoirs dans les montagnes suisses 1700-1900 (2014).
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