Le jeu vidéo entretient avec le monde « réel » un dialogue continu ; ils s’échangent des principes, des données, des représentations. Ils se partagent également un habitant : le joueur. Outre leur grand nombre, les joueurs sont multiples. Animés de motivations variées, ils adoptent vis-à-vis de leurs pratiques des postures parfois radicalement différentes (« simple » consommation, approche critique, analyse réflexive…). McKenzie Wark, auteur du désormais célèbre Manifeste hacker, adopte celle du « joueur théoricien », arpentant avec nous les mondes créés par les jeux-vidéo qu’il nous présente et qu’il relie à nos expériences contemporaines. Sorti de la Caverne de Platon, ce joueur va se coller au plus près des algorithmes qui l’accueillent pour explorer leurs limites. Ce faisant, il dévoile comment les principes inhérents au jeu – compétition, valeurs, conceptions de l’espace et de la géographie – en sont venus à structurer le « ludespace », transformant le monde en une « copie imparfaite du jeu ».
Au fil d’une série d’expériences vidéoludiques portant sur des titres classiques ou contemporains, des blockbusters ou des indépendants, et accompagné de prédécesseurs comme Benjamin, Debord, Deleuze ou Baudrillard, McKenzie Wark élabore un véritable manuel critique du joueur.